Petite Sœur Lydia, malgache, partage ses premiers pas à la fraternité de Salapoumbe :

Cela fait déjà plus d’une année que j’ai mis mes pieds sur la terre camerounaise et que je fais partie de la fraternité de Salapoumbé. C’est une belle fraternité intergénérationnelle et internationale avec toutes ses richesses culturelles.

En arrivant à la fraternité, j’ai été impressionnée par la quantité d’enfants qui venaient nous voir avec une rapidité incroyable. Ils étaient tous dans la cour en train de me regarder. Ils se parlaient entre eux. Je les ai salués en leur langue en ajoutant quelques mots que j’avais appris avant de venir. Ils étaient surpris !

Il y a eu aussi le curé de la paroisse qui m’a accueilli gentiment et qui m’a présenté un dimanche à l’Eglise. J’admire beaucoup la façon dont participent les gens à la messe. Une équipe de chorale anime la liturgie chaque dimanche avec un rythme dansant. Tous les fidèles y mettent aussi leur cœur en tapant les mains, en chantant et même en criant. Alors, moi aussi, j’ai commencé timidement à y participer. C’est une autre manière de célébrer !

Au village, j’ai vu la manière dont chaque ethnie construit sa maison. Les bakas ont des maisons en terre battue tandis que celles des bantous sont en planches. Il y a aussi pas mal de musulmans qui s’y installent. Ils vivent les uns à côté des autres. Je me suis dit en moi-même : « C’est ça le vivre ensemble, chacun avec sa différence et son identité ». Cette atmosphère assez paisible m’a beaucoup touchée.

Quelques semaines après mon arrivée, j’ai commencé à fréquenter l’école pour m’habituer à la méthode d’enseignement et voir de près ce que faisait le maître. Il avait été là pour m’introduire. J’ai apprécié son aide et sa simplicité.

A partir du mois de janvier, j’ai pris en main la classe. Viviane, postulante en stage, m’a secondée ; sa présence a été très importante et pour moi et pour les enfants.

Cet engagement qui m’a été confié est pour moi une belle expérience. C’est aussi une aventure car souvent il n’est pas évident de tenir ces enfants.

A la rentrée scolaire, nous avions 45 élèves inscrits, 43 en fin de deuxième trimestre. Etonnant, me disent les sœurs. C’est vrai que parfois nous nous sommes retrouvées avec une vingtaine d’enfants. Pour certains élèves, ce sont les parents même qui leur disent de ne pas venir à l’école. Ils les emmènent avec eux au champ. Malgré tout cela, il y a des enfants qui sont toujours présents et qui arrivent bien à l’heure. Cela nous réjouit et nous encourage à bien assumer ce que nous avons à faire pour eux.

Pendant la récréation, Viviane et moi, nous essayons toujours de rester avec eux pour jouer. Des liens se tissent et ils en sont très contents. Ils ont besoin d’affection, d’attention et de cette relation proche comme beaucoup d’autres enfants partout.

Au niveau pastoral, le mercredi après-midi, nous avons le groupe des enfants qui viennent au catéchisme. Je tiens le groupe des plus petits « éveil à la foi ». Certains devraient être déjà en première année mais ils ne veulent pas. C’est bien dommage  Eh oui! Il faut de la patience avec eux.

Pour la tournée dans les différents villages et les communautés chrétiennes, pendant quelques mois, nous n’avons pas pu circuler à cause du mauvais état de la route. Maintenant la route est réparée et nous essayons d’aller autant que possible dans les communautés. Pour les rejoindre le dimanche nous n’assistons pas à la messe. Le curé de la paroisse nous dit que nous sommes des « sœurs païennes »! La première fois que je l’ai entendu dire cela, j’ai été gênée mais les sœurs m’ont expliqué pourquoi nous partions tout de suite sans venir à la messe, et j’ai été tranquille : ces chrétiens qui sont loin et qui n’ont pas de pasteur, qui les ferait prier et leur donnerait un minimum de catéchisme ?